Le retrait de l’Iran du Plan d’action global commun et ses implications mondiales

À la suite du meurtre du général iranien Qasem Soleimani par les États-Unis et de la série d’événements qui s’ensuivit, la dernière situation est que l’Iran a menacé de se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) si l’Union européenne renvoyait la question nucléaire iranienne au Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU). Il s’agit d’une implication majeure après le meurtre du général Soleimani qui éclipse tous les autres, car ses répercussions pourraient être de grande portée et très préjudiciables à la région ainsi qu’au régime mondial de non-prolifération. La menace de se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire se rapproche de la décision du gouvernement iranien de ne plus adhérer aux termes du Plan d’action global commun, populairement connu comme l’accord nucléaire iranien.

L’appel de l’Iran au retrait du TNP fait suite au déclenchement du mécanisme de règlement des différends, une clause inscrite dans l’accord nucléaire, par le groupe de trois pays européens, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, qui faisaient partie de l’accord. Le fait que les États-Unis auraient fait pression sur les pays européens pour qu’ils empruntent cette voie suggère que la poursuite d’une telle pression sur les Européens pourrait entraîner le retrait effectif de l’Iran du Plan d’action global commun.

L’invocation du mécanisme de règlement des différends et le renvoi consécutif de la question nucléaire iranienne au Conseil de sécurité des Nations unies(CSNU) peuvent entraîner l’annulation des sanctions du CSNU contre l’Iran. L’Iran souffre déjà des conséquences économiques des sanctions unilatérales imposées par les États-Unis, provoquant d’énormes troubles intérieurs. Des sanctions multilatérales supplémentaires impliqueraient davantage d’agitation intérieure, menaçant gravement le régime islamique et de possibles représailles violentes à de telles manifestations par le gouvernement iranien.

Le conflit actuel entre l’Iran et les États-Unis pourrait être considéré comme le résultat du retrait unilatéral du Plan d’action global commun par le Président américain Donald Trump le 8 mai 2018, malgré la certification régulière de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) que l’Iran respectait ses engagements inscrits dans l’accord.

En fait, l’Iran avait attendu exactement un an après le retrait américain dans l’espoir que les nations européennes trouveraient une solution, à défaut de quoi l’Iran a annoncé le 8 mai 2019 qu’il revenait sur son engagement envers le Plan d’action global commun.

L’objectif principal du Plan d’action global commun était de restreindre le rythme de l’enrichissement d’uranium iranien et le retrait de l’Iran impliquerait une vitesse d’enrichissement plus élevée par l’Iran. L’autre élément essentiel du Plan d’action global commun était la transparence du programme nucléaire iranien et donc le retrait de l’Iran de cet accord impliquerait également que d’autres pays ne seraient pas en mesure de connaître la nature et les progrès réels du programme nucléaire iranien.

De telles craintes concernant le programme nucléaire iranien peuvent amener d’autres pays, plus particulièrement son rival régional, l’Arabie saoudite, à emboîter le pas, déclenchant la course aux armements nucléaires dans la région du Moyen-Orient déjà instable. Cela pourrait également inciter certains autres pays opposés au programme nucléaire iranien tels que les États-Unis et Israël à attaquer militairement les installations nucléaires iraniennes, provoquant une escalade de la situation conflictuelle actuelle en guerre. On peut également souligner dans ce contexte qu’en raison de sa position de riche réservoir d’hydrocarbures, une guerre dans la région du golfe Persique pourrait avoir de graves répercussions négatives sur l’économie mondiale.

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif était à New Delhi la semaine dernière. Il a tenu des pourparlers approfondis avec le Premier ministre indien Narendra Modi et le ministre des Affaires extérieures, le Dr S Jaishankar. New Delhi a exprimé son désir de paix dans le golfe Persique.

La récente déclaration du chef du bureau présidentiel iranien Mahmoud Vaezi, exhortant l’Iran et l’Arabie saoudite à travailler ensemble, est encourageante. Les pays du golfe Persique devraient travailler ensemble pour rétablir et maintenir la sécurité dans la région. Ceci est extrêmement crucial pour la paix et la stabilité régionales, et pour éviter la prolifération nucléaire potentielle, les deux pays régionaux devraient trouver des moyens diplomatiques pour résoudre leurs différends mutuels.

Texte du Dr. Asif Shuja, chercheur principal, Middle East Institute, l’Université nationale de Singapour

Traduction : SAVITA P.TANEJA, Responsable du service français d’ESD, AIR.